La peinture mythologique au XVIIIe siècle

L’éléphant dans la peinture mythologique du XVIIIe siècle

Orphée charmant les animaux de François Boucher au musée Roger-Quillot
François BOUCHER, Orphée charmant les animaux, vers 1745, musée Roger-Quillot, Clermont-Ferrand

Ne pouvant se consoler de la mort d’Eurydice, Orphée se retire dans la forêt pour noyer son chagrin. Accompagné de sa lyre, il chante son désespoir, attirant près de lui tous les animaux de la terre.

Ici, le peintre François Boucher (1703-1770) nous offre une interprétation toute personnelle du mythe d’Orphée, tiré du Livre du X des Métamorphoses d’Ovide (8 ap. J.-C.).
La mise en scène volontairement décentrée, la composition toute en courbes, les coloris pâles sont caractéristiques de la peinture élégante de l’artiste.

Si la manière de Boucher est ici reconnaissable, c’est aussi parce que le peintre prend des libertés avec l’antique. Il adapte véritablement un épisode de la mythologie selon la mode des pastorales, son thème pictural favori.
En vogue au XVIIIe siècle, la pastorale est une fusion entre peinture de genre et peinture mythologique, accompagnée d’allusions galantes.

« Il faut qu’en devinant le sujet on sourit, et ce sourire c’est le succès du tableau. » (Gustave Kahn)

Chez Boucher, la pastorale met souvent en scène bergers et bergères au sein d’une nature abondante. Nous retrouvons ici le paysage luxuriant, au sein duquel est placé Orphée, associé à la grâce et la sensualité du héros à la chaire nacrée.

Egalement très appréciée au XVIIIe siècle, la mythologie connaît un renouveau en peinture, et plus particulièrement Les Métamorphoses d’Ovide pour lesquelles le siècle se passionne. François Boucher connaît ces récits mythologiques surtout par l’Opéra. Le caractère décoratif et théâtral des paysages de Boucher, reste d’ailleurs certainement lié à son goût pour le théâtre.

Cette nature est ici très « exotique » par les animaux qu’il a choisis de représenter. Tigre, dromadaire, éléphant, lion, rares à l’époque, sont essentiellement connus pas la gravure.
L’éléphant, à la trompe très longue et aux yeux tirés, n’est effectivement pas très réaliste et semble bien résulter de l’imagination du peintre ou de son collaborateur Jean-Baptiste Oudry. En effet, il arrivait à Boucher de solliciter l’aide de son ami Oudry afin qu’il dessine pour lui les animaux de ses compositions.

Toutefois cette fascination pour les animaux « exotiques » n’est pas nouvelle, puisque l’on en trouve déjà dans la peinture de Boucher quelques années auparavant avec La chasse au tigre et La chasse au crocodile.

La chasse au crocodile de François Boucher au musée de Picardie
François BOUCHER, La chasse au crocodile, 1739, musée de Picardie, Amiens

Bibliographie
Fenaille (Maurice), François Boucher, Paris, Nilsson, 1925.
Kahn (Gustave), François Boucher, Paris, Librairie artistique et littéraire, 1908.
Laing (Alastair), « Boucher et la pastorale peinte », Revue de l’art, n°73, 1986, p.55-64.

 

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