L'animal de guerre

L’éléphant comme animal de guerre

Hannibal traversant les Alpes de Nicolas Poussin datant de vers 1625-1626
Nicolas POUSSIN, Hannibal traversant les Alpes à dos d’éléphant, vers 1625-1626, collection privée

A la fin de l’année 218 avant J.-C., lors de la deuxième guerre punique contre les Romains, le chef de guerre Hannibal mène ses troupes au combat. Il parvient à franchir les Alpes, jusqu’au nord de l’Italie, accompagné de ses 30 000 soldats, ses milliers de chevaux et ses 37 éléphants.
C’est cet exploit, largement relaté par les historiens lors des deux siècles suivants, que Poussin entend ici représenter.
Cet épisode de l’histoire antique est certainement très apprécié à l’époque puisque l’on en trouve également l’illustration au sein des jardins de Bomarzo, aménagés entre 1548 et 1580 (voir ci-dessous).
Associé au chef de guerre, l’éléphant fait figure de force, de pouvoir et de puissance guerrière.

L'Eléphant d'Hannibal aux jardins de Bomarzo
Pirro Ligorio, L’Eléphant d’Hannibal, 1550, Jardins de Bomarzo ou Parc des monstres, Viterbe, Italie

L’un des plus fidèles mécènes de Poussin, Cassiano dal Pozzo (1588-1657), est aussitôt séduit par le tableau et en fait l’acquisition. Cette toile réunie en effet deux de ses centres d’intérêts : le goût pour l’Antiquité et l’étude des animaux.
Secrétaire du cardinal Francesco Barberini (neveu du pape Urbain VIII), Cassiano dal Pozzo fait la connaissance de Poussin lorsque l’artiste séjourne une première fois à Rome entre 1624 et 1640.
Dans une lettre, datant probablement de décembre 1625, Poussin fait part à Cassiano de ses difficultés financières et physiques, le peintre étant alors gravement malade. Il fait également mention d’un dessin d’éléphant qu’il utilise comme étude pour un tableau représentant Hannibal armé à l’antique. En réponse à cette lettre, Cassiano achète à Poussin le tableau d’Hannibal traversant les Alpes, pour une somme très généreuse (40 écus) afin d’aider son ami dans la détresse.

Poussin connaissait bien le vif intérêt que portait Cassiano à l’Antiquité et aux sciences naturelles. Ce dernier possédait une grande collection de dessins et gravures représentant une immense variété de plantes et d’animaux.
Le dessin offert à Cassiano était sans aucun doute destiné à son « musée de papier », de même que le tableau d’Hannibal traversant les Alpes a été exécuté dans l’espoir que Cassiano l’achète.

Bibliographie
Calcott (Maria), Mémoires sur la vie de Nicolas Poussin, Paris, Pierre Dufart, 1821.
Standring (Timothy J.), « Some pictures by Poussin in the Dal Pozzo collections: Three new inventories », Burlington Magazine, août 1988, p. 608-626. 
Article de presse Christie’s

Lire la suite « L’éléphant comme animal de guerre »