L'art rocaille

L’éléphant et l’art rocaille

Pendule à l’éléphant conservée au Victoria and Albert Museum

Pendule à l'éléphant en bronze par Caffieri
Philippe CAFFIERI ou Jacques CAFFIERI, Jérôme MARTINOT, Antoine-Nicolas MARTINIÈRE, Pendule à l’éléphant, 1742-1745, bronze et bronze doré, cadran émaillé, Victoria and Albert Museum

Cette pendule de belle taille (elle mesure près de 65 centimètres de hauteur) est formée d’un éléphant surmontée d’un cadran sur lequel est installé un petit singe vêtu d’une draperie tenant un parasol.
Elle est signée par plusieurs artistes : sur le boîtier est inscrit « fait par Caffieri », le mouvement est, lui, dû à Jérôme Martinot, le cadran émaillé à Antoine-Nicolas Martinière et une autre signature, « Magny », révèle peut-être l’intervention de l’opticien Alexis Magny. Les différentes signatures rappellent les assemblages précieux au XVIIIe siècle par les marchands-merciers, destinés à une clientèle fortunée.

Arrière de la pendule à l'éléphant en bronze par Caffieri
Philippe CAFFIERI ou Jacques CAFFIERI, Jérôme MARTINOT, Antoine-Nicolas MARTINIÈRE, Pendule à l’éléphant (vue de dos), 1742-1745, bronze patiné et doré, cadran émaillé, Victoria and Albert Museum

Cette œuvre illustre le goût rocaille qui se développe alors en Europe dans le second quart du XVIIIème siècle. Ce goût reprend des formes chantournées et sinueuses auxquelles s’adapte l’intérêt pour l’exotisme. Ainsi, des motifs, réels ou fantasmés, venus d’ailleurs apparaissent telles des figures chinoises ou indiennes rehaussant des compositions traditionnelles. Les animaux ne font pas exception et, auprès d’animaux occidentaux (comme les cerfs ou les chiens) se répandent des animaux exotiques comme l’éléphant et surtout le singe, tous deux représentés ici.

Tous les artistes répondent à cet élan nouveau, y compris les bronziers. Parmi eux, les Caffieri, une dynastie de célèbres bronziers et sculpteurs, dont Jacques Caffieri (1678-1755) qui travailla pour Louis XV et son fils, Philippe (1714-1774). Jacques Caffieri réalisa de nombreuses œuvres rocailles tandis que la production de son fils se tourna davantage vers le goût antiquisant et ses lignes droites. Mais, au début de sa carrière, Philippe Caffieri travailla avec son père et suivit son style, d’où la difficulté d’attribuer aujourd’hui cette pendule au père ou au fils.

De nombreuses autres pendules ornées d’un éléphant ont été exécutées mais seulement trois avec un éléphant entièrement en bronze sont encore conservées. D’autres exemples de ce modèle de pendule proposent un éléphant en porcelaine, ou, en bronze doré. Cependant, cette pendule, conservée au Victoria and Albert Museum  est probablement l’exemple le plus ancien réalisé.

Autre exemple

Pendule à l'éléphant de la manufacture de Meissen
Manufacture de Meissen, Paul GUDIN (?), Pendule à l’éléphant, vers 1753 ou vers 1760-1765, porcelaine, bronze doré, Rijksmuseum

Lexique
Marchands-merciers : les marchands-merciers au XVIIIe siècle réalisaient des assemblages d’objets en matériaux divers (notamment des matières venues d’Asie comme des panneaux de laque) afin d’obtenir des créations luxueuses et pittoresques.

Bibliographie
Verlet (Pierre), Les bronzes dorés français du XVIIIème siècle, Paris, Picard, 1987.
Baarsen (Reinier Jan), Paris 1650-1900, Decorative Arts in the Rijksmuseum, New Heaven Conn., Yale University Press, Amsterdam, Rijksmuseum, 2013.

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