Autour de l'expo !

Autour de l’expo !

 

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Question n°1 : A l’aide des photos, peux-tu deviner de quelle couleur était l’éléphant de Charlemagne ?

 

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elephant_elephanteau_icone_enfant Question n°2 : Quels autres animaux vois-tu dans la ménagerie de Frédéric II (sur l’image du centre) ?

Frise chronologique du dix huitième siècle

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Question n°3 : Sur les images ci-dessus combien comptes-tu d’éléphants ?

 

 

 

Vérifie tes bonnes réponses ci-dessous :

Question n° 1 : L’éléphant de Charlemagne était blanc ! L’albinisme chez les éléphants était extrêmement rare. L’animal était alors d’une valeur inestimable.

Question n°2 : L’éléphant est accompagné d’un lion, d’un zèbre, d’une girafe, d’un phacochère (ou sanglier) et un dromadaire !

Question n°3 : il y a 8 éléphants ! Un petit éléphanteau se cache entre les pattes de sa maman, et les vases portent chacun deux têtes !

Les porcelaines au XVIIIe siècle

L’éléphant, le goût de l’exotisme dans la porcelaine du XVIIIe siècle

Les vases à têtes d’éléphant de la manufacture royale de Sèvres

Paire de vases candélabres à têtes d'éléphant datant de 1757 porcelaine tendre de la manufacture de Sèvres conservée à la Wallace Collection à Londres
Manufacture royale de Sèvres, forme attribuée à Jean-Claude Chambellan DUPLESSIS aîné (1695-1774), peinture attribuée à Charles-Nicolas DODIN (1734-1803), Paire de vases candélabres « à tête d’éléphant » à fond vert et décor de putti, 1757, porcelaine de pâte tendre peinte et dorée, Londres, The Wallace Collection (inv. C246-7)

Ces étranges vases trouvent l’origine de leur forme ventrue dans l’urne antique sur laquelle ont été ajoutées deux têtes d’éléphant en haut-relief. Les deux paires de la Wallace Collection possèdent aux extrémités des trompes une paire de bobèches pour en faire des candélabres à quatre lumières. D’autres exemplaires, comme la paire conservée à la Walters Art Gallery de Baltimore ne sont pas équipés de bobèches. La tête de l’éléphant est toujours traitée au naturel, le regard peint est expressif et le relief de la peau est rendu avec des rehauts d’or.

Cette forme fut créée en trois grandeurs par l’orfèvre Jean-Claude Duplessis père (actif de 1745/1748 à 1774) entre 1756 et 1760, et sa production s’arrêta au début des années 1760. La forme fut toutefois rééditée à Sèvres dans les années 1880, et copiée par les manufactures anglaises au XIXe siècle. Ce type de vase fonctionnait en garniture, par paire accompagnée de vases à oreille et d’un vase central ayant la forme du pot-pourri en vaisseau ou du pot-pourri Hébert. Le génie de Duplessis s’exprime ici dans les courbes et les contre-courbes caractérisant ces vases, en faisant dialoguer les formes en relief et les motifs peints. Ces vases allient la rigueur classique de la symétrie de la composition, et la fantaisie rocaille de l’iconographie et de la forme.

Paire de vases à tête d'éléphant de la manufacture royale de Sèvres datée autour de 1760 et conservée à la Walters Art Gallery de Baltimore
Manufacture royale de Sèvres, forme attribuée à Jean-Claude Chambellan DUPLESSIS aîné (1695-1774), peinture de Charles-Nicolas DODIN (1734-1803), Paire de vases « à têtes d’éléphant » à fond rose et décor de chinoiseries, vers 1760, porcelaine de pâte tendre peinte et dorée, Baltimore, The Walters Art Gallery (inv. 48.1796, 48.1797)

L’iconographie naturaliste de l’éléphant pourrait s’expliquer à Sèvres par deux raisons. La première dans la recherche d’exotisme, comme l’Orient dans les scènes peintes. La seconde par les courbes de l’animal dont l’anatomie toute en volutes s’accorde bien à l’expression du style rocaille alors en vogue à Sèvres à la fin des années 1750 (tout comme le dauphin sur d’autres modèles). Ce type de forme tendait à montrer la virtuosité technique dans la maîtrise de la sculpture et de la cuisson atteinte par la jaune Manufacture qui rivalise ici avec l’orfèvrerie.

A Meissen, le groupe de l’Afrique

Manufacture de Meissen Allégorie de l'Afrique dont le modèle est créé en 1745 et conservé au musée du Louvre à Paris
Manufacture de Meissen, modèle de Johann Joachim KAENDLER (1706-1775), Groupe de l’Afrique, Modèle créé en 1745, pâte de porcelaine dure peinte, Paris, Musée du Louvre (inv. OA 8054), Legs de Georges Heine en 1929.

La manufacture de Meissen fut la première manufacture européenne à avoir produit de la porcelaine dure par opposition à la porcelaine tendre. Celle-ci créée en Europe, n’en imitait que l’aspect et était plus complexe à produire. Innovante, la manufacture de Meissen vendit sa production à l’Europe durant la première moitié du XVIIIe siècle en imposant son goût baroque.

Ce groupe de l’Afrique fait partie d’un ensemble consacré aux quatre parties du monde. L’allégorie des quatre continents est un des thèmes favoris du XVIIIe siècle. Sa date correspond à la présence du sculpteur Johann Joachim Kaendler (1706-1775) à Meissen. Créant des modèles, il est engagé par le duc de Saxe Frédéric-Auguste II (1696-1763) pour mener à bien un projet inachevé de son père Auguste le Fort (1670-1733). Celui-ci souhaitait constituer une collection de pièces chinoises et de pièces produites à Meissen pour un palais de porcelaine. Initialement engagé pour sculpté des animaux et doué d’une grande créativité, Kaendler élargit les thèmes représentés à partir de 1736. Il se tourna alors vers la production de groupes et de statuettes devant orner les tables et les intérieurs. Il s’agit d’élégants personnages de la Cour inspirés de comédies, de figures populaires, etc… ou s’accordant au goût pour l’exotisme avec les différents habitants du monde dont les quatre parties sont représentées par chaque continent.

Cette représentation de l’Afrique est donnée par une femme noire assise sur un lion accroupi et tenant un sceptre et une gerbe. Adossé contre un arbre, ils reposent sur un sol décoré de fleurs et de feuilles. Le décor partiellement peint fait ressortir la blancheur de la pâte, causant un contraste et un équilibre entre les parties colorées et laissées blanches. Les couleurs translucides relèvent le pelage de l’animal et celles opaques représentant notamment la peau de la figure allégorique. Celle-ci est coiffée d’une tête d’éléphant, conformément à l’image qu’en a fait Cesare de Ripa dans son Iconologia paru en Italie en 1593. Ripa donne l’origine de cette étrange coiffure qui proviendrait d’une médaille romaine de l’empereur Hadrien. Il s’en serait coiffé à l’image des peuples d’Afrique qu’il visita, les Africains se coiffant de têtes d’éléphant pour effrayer leurs ennemis. Cette coiffure constitue une des caractéristiques majeures de l’allégorie de l’Afrique en Europe, tant dans la porcelaine que dans les autres techniques.

Bibliographie

-Faÿ-Hallé (Antoinette), Comment reconnaître une porcelaine de Saxe du XVIIIe siècle, Paris, Réunion des musées nationaux, 2008.

-Faÿ-Hallé (Antoinette) dir., Vandermeersch (Michel), Leprince (Camille), « Sèvres, un défi  à la matière », in Les vases de Sèvres, XVIIIe-XXIe siècles. Eloge de la virtuosité, Dijon, Faton, 2014 (p. 46-53).

-Meister (Peter Wilhelm), Reber (Horst), La porcelaine européenne du XVIIIe siècle, Fribourg, Office du Livre, Paris, Editions Vilo, 1980.

-Ripa (Cesare), Baudouin (Jean), Iconologia, Paris, Alain Baudry & Cie, 2011 (1644).

-Savill (Rosalind), The Wallace Collection. Catalogue of Sèvres Porcelains, Londres, The Trustees of the Wallace Collection, 1988, 3 vol. (I, C244-5 et C246-7, p. 148-172).

-Verlet (Pierre), Sèvres, Paris, Gérard Le Prat, 1953 (p. 203-204 et pl. 28).

La théière éléphant de Solon

L’éléphant, un motif purement décoratif

 

Théière ou cafetière zoomorphe en tête d'éléphant conservé au Victoria & Albert Museum à Londres
Manufacture Impériale de Sèvres, Marc-Emmanuel-Louis Solon (1835-1913), théière ou cafetière zoomorphe éléphant, vers 1862, pâte de porcelaine dure à décor de pâte sur pâte et or, Londres, Victoria & Albert Museum (inv. 8055-1862)

Le créateur de cette théière Louis-Marc-Emmanuel Solon (1835-1913) fit preuve d’humour et d’une grande originalité dans sa conception. N’étant pas destinée à être utilisée, elle fut produite pour l’Exposition Internationale de Londres de 1862. Elle est la conséquence d’un goût de l’époque pour l’exotisme et l’éclectisme allié à une technique nouvelle de pâte sur pâte, aboutissant à cette pièce unique et originale.

Le décor de pâte sur pâte est une technique complexe proche de celle de l’engobe ou de la barbotine où le décor n’est pas peint mais composé d’une pâte de porcelaine dite « pâte d’application ». De couleur différente de celle du fond, cette pâte est posée en couches au pinceau et retravaillée par retrait par les sculpteurs avant l’émaillage et la cuisson. Cette technique est apparue en 1849 à Sèvres, devenant une des techniques majeures utilisées et maîtrisées à la Manufacture au XIXe siècle. Elle a servi ici à représenter les palmettes ornant la tête de l’éléphant et à souligner ses volumes en se détachant sur le fond céladon.

Le contexte de la création céramique au XIXe siècle est marqué par une concurrence et une rivalité entre la manufacture de Sèvres et l’essor de l’industrie céramique, tant française qu’étrangère. La Manufacture doit alors sans cesse innover dans ses formes, ses décors et ses techniques. Pour cela, elle participe aux Expositions Universelles pour ne pas se laisser dépasser, contribuant au rayonnement de l’industrie française. Cette théière prouve bien que la création à la manufacture de Sèvres sous le Second Empire est marquée par la fantaisie alliée à l’usage de nouvelles techniques.

Bibliographie

-Ducrot (Brigitte), Second Empire à la IIIe République : de l’audace à la jubilation, Paris, Éditions Courtes et Longues, 2008.

-Eichenlaub (Edwige), Les vases en porcelaine de la manufacture de Sèvres sous le Second-Empire au Mobilier National. Un renouvellement artistique, entre tradition et innovation, École du Louvre, Mémoire de recherche (2ème année de 2ème cycle), 2016 (p. 32-33).

-Faÿ-Hallé (Antoinette), « Les Décors de la porcelaine de Sèvres sous le Second Empire », in Sèvres, 1993, n°2 (p. 70-75).

-Faÿ-Hallé (Antoinette), « Le Décor en pâte sur pâte : une innovation du 19e siècle », in Connaissance des arts, 1993, n°503 (p. 94-102).

-Preaud (Tamara), « Sèvres, la pâte sur pâte un procédé original », in L’Estampille. L’Objet d’art, 1992, n° 263 (p. 46-57).

-Site en ligne du V&A : Notice de la théière en forme de tête d’éléphant – V&A (Londres)