Art indien, Non classé

L’éléphant dans l’art indien

La 1ère grande civilisation apparue sur le sol indien après les cultures de l’époque néolithique est celle de l’Indus qui s’est développé entre 2500 et 1800 av. J.-C. Cette civilisation urbaine avancée est documentée par des sceaux sur lesquels on constate déjà un culte de divinités et la présence d’éléphant!

Ce sceau de la civilisation de l'Indus pourrait présenter le dieu Shiva entourer de 4 animaux dont l'éléphant pour indiquer un point cardinal.
Sceau de la civilisation de l’Indus provenant de Mohenjo-Daro (Pakistan), vers 2500-1800 av JC, stéatite, h. 3,4 cm, New Delhi, National Museum

On rapproche souvent la figure de ce sceau célèbre à celle du grand dieu Shiva car sa posture fait penser à une position de yoga, une technique de méditation hindou dans laquelle Shiva est passé maître. 4 animaux l’entourent: un buffle, un rhinocéros, un tigre et un éléphant (en haut à droite).

Un peu d’histoire…

Les textes sacrés

Les Veda sont un ensemble de textes sacrés élaborés probablement autour des 15e-5e siècle av. J.-C. Transmis d’abord de façon orale aux prêtres, ils constituent le point de départ de l’histoire littéraire de l’Inde. Ces textes glorifient des divinités que l’on peut rapprocher de celles d’Iran ou de l’Europe ancienne et expriment des valeurs d’une religion dite védique liées à des rites sacrificiels. Cette littérature suit diverses phases au cours desquels on assiste à l’intégration dans la religion indienne de nouveaux concepts fondamentaux. Les différentes écoles de prêtres y ajoutent d’autres catégories de textes qui se suivent chronologiquement: les Brahmana « textes des prêtres » qui sont des commentaires sur les sacrifices, les Aranyaka « textes de la forêt » (textes ésotériques) et les Upanishad « équivalences » (textes explicatifs).

Les Upanishad mettent l’accent sur une vision dépréciative de la vie humaine: l’homme est douloureusement enchainé par ses actes (karma) au cycle de renaissances (samsara) dont seule la connaissance suprême permet une libération. Cette aspiration à la libération est aussi présente dans deux grandes religions qui voient le jour au même moment: le bouddhisme et le jaïnisme.

Le bouddhisme

Le précurseur du bouddhisme est Siddhârta Gautama. Issu d’une classe de guerriers du clan Shakya de Kapilavastu (au sud du Népal actuel) il refuse les pratiques ascétiques extrêmes développées dans certains Upanishad. Il élabore un itinéraire spirituel voué à s’affranchir de la douleur du monde. Devenu Bouddha, un « Eveillé », il fonde une communauté de moines et prêche dans la vallée orientale du Gange. Le bouddhisme constitue la religion prépondérante dans diverses régions de l’Inde et se répand en Asie. Il décline cependant de son pays d’origine vers le XIIe siècle à la faveur de l’hindouisme.

Ce bas-relief représente le rêve de Maya dans lequel elle vit le futur bouddha entrer dans son sein sous la forme d'un éléphant blanc.
Bas-relief représentant le rêve de Maya, provenant de Bharhut (Madhya Pradesh), fin du IIe siècle av JC, Calcutta, Indian Museum

La stûpa de Barhut construit sous le règne des Shunga (vers 185-73 av. J.-C.) est célèbre pour ses sculptures qui couvrent presque toute la surface de sa vedika ou balustrade. Des médaillons illustrent des épisodes de la vie du Bouddha ainsi que ses vies antérieures. Ce bas-relief représente le rêve de Maya, la mère de Siddhârta pendant lequel elle vit le futur Bouddha entrer en son sein sous la forme d’un éléphant blanc, un signe de très bon augure. Le sculpteur a ignoré la perspective et a préféré accentuer les détails de l’histoire pour que notre regard se dirige naturellement vers la figure de Maya allongée.

L’hindouisme

A partir des derniers siècles précédant l’ère chrétienne, les puissantes divinités de l’hindouisme d’origine très ancienne qui étaient jusqu’alors à peine mentionnées dans les textes, forment définitivement le panthéon religieux. A la suite des poèmes épiques du Ramayana et du Mahabharata puis des Purana qui relatent la majesté de grandes divinités védiques, un vaste corpus de mythes prend forme et élabore des récits liés aux grands dieux hindous comme Vishnu et Shiva. Chaque grand dieu peut désormais être considéré comme la divinité suprême qui résume et comprend les autres. Les dieux sont représentés par des images qui constituent des médiateurs entre le monde matériel et le monde divin.

A partir du règne des empereurs Gupta (apogée entre le 4e et le 5e siècle ap. J.-C.) qui marque la période dite classique de l’Inde, l’hindouisme s’affirme comme la religion dominante.

Et les éléphants dans tout ça?

Les éléphants sont très présents dans le culte hindou. Associés à de nombreux dieux il sont des symboles de majesté et de fertilité. On les retrouve sculptés sur la paroi des temples parfois dans un but purement décoratif mais ils viennent généralement appuyer le récit de mythes et légendes.

Ce bas-relief présente illustre la scène mythologique de la Descente du Gange avec 2 éléphants.
Détail du bas-relief rupestre présentant la Descente du Gange (ou la Pénitence d’Arjuna), VIIe siècle, Mamallapuram (Tamil Nadu)

Indra et sa monture

Cette miniature présente le dieu Indra sur sa monture l'éléphant blanc, Airavata
Miniature de Jaipur (Rajasthan), New-York, The Pierpont Morgan Library, Le Dieu Indra sur l’éléphant Airavata, vers 1725

Indra règne sur le panthéon des dieux dans les Veda. Après le déclin des mondes védiques et l’émergence des divinités de l’hindouisme, les héros des Veda ne disparaissent pas mais assument des rôles secondaires, notamment comme gardiens des points cardinaux. Indra reste le dieu de la pluie mais prend moins d’importance.

Sa monture est un majestueux éléphant blanc doté de plusieurs trompes et défenses. L’éléphant d’Indra s’appelle Airavata, nom dérivé de iravat signifiant « possesseur de liquide ». Il est né du barattage de la mer de lait, célèbre mythe hindou qui raconte comment les dieux et les démons barattèrent l’océan de lait pour obtenir le nectar de l’immortalité ou amrita.

Cette miniature de l'école de rapjut illustre le célèbre mythe indien du barratage de la mer de lait.
Miniature de l’école rapjut représentant le barattage de la mer de lait, XVIIIe siècle, Paris, Musée national des arts asiatiques Guimet: l’éléphant Airavata y est représenté en haut à droite.

Indra étant le roi des dieux, l’éléphant sera toujours en Inde et dans les pays indianisés la monture des souverains, jusqu’aux maharajas de l’Inde moderne.

Cette miniature monghole représente le roi Shah Jahan et son fils sur le dos d'un éléphant
Miniature moghole représentant le roi Shah Jahan assis sur un éléphant avec son fils Dara Shikoh, milieu du XVIIe siècle, Berlin, Museum für Asiatische Kunst: le règne de Shaha Jahan fut marqué par d’importantes conquêtes militaires et par la construction de splendides monuments parmi lesquels le Taj Mahal!

L’éléphant est le signe de la majesté royale aussi en raison de son lien avec la fertilité. Il est l’équivalent des nuages sur terre car il projette de l’eau avec sa trompe, il est gris et sa voix ressemble au tonnerre.  On peut donc le relier à la capacité du souverain de pouvoir aux besoins de ses sujets. Selon la légende, les éléphants avaient autrefois  des ailes. Ils les perdirent à cause de la malédiction d’un sage. L’éléphant est aussi un symbole de stabilité: 8 éléphants mâles et leurs compagnes soutiennent les points cardinaux et intermédiaires et la voûte du ciel.

Lakshmi

Ce bas-relief du temple de Vraha à Mamallapuram présentant la déesse Lakshmi aspergée d'eau par deux éléphants dans un symbole de fertilité
Bas-relief représentant Ganalakshmi, temple de Varaha, milieu du VIIe siècle ap JC, Mamallapuram (Tamil Nadu)

La déesse Lakshmi dont le nom signifie « signe de bon augure » appelée aussi Shri pour « fortune » ou « gloire » incarne les notions de fertilité et de croissance. Selon la légende elle serait née du barattage de la mer de lait. Son culte est ancien comme l’atteste un hymne le Shri Sukta, texte complémentaire du Rig-Veda.

Deux éléphants se tiennent de chaque côté au-dessus de la déesse et l’aspergent d’eau avec leurs trompes. Ils jouent ici le rôle de symbole de fécondité et notamment de fertilité qu’apporte la pluie. Ce bas-relief est typique du naturalisme de l’art pallava: la déesse est représentée aux mêmes dimensions que les autres personnages mais sa position centrale et assise la mettent en avant. Le style pallava se caractérise par des figures humaines veltes aux longues jambes et un bon rendu des proportions dans un espace en trois dimensions.

Cette représentation de Lakshmi avec les éléphants dite Gajalakshmi est bien documentée dans l’art bouddhique, par exemple à Sanchi vers le 1er siècle, et elle persiste de façon ininterrompue: c’est encore sous cette forme que la déesse est figurée sur les images populaires. Elle symbolise la chance et la prospérité, deux notions qui restent inséparables de la figure du souverain. Lakshmi est donc très tôt désignée comme l’épouse de Vishnu.

Ganesh

Ganesh est un dieu à tête d’éléphant. L’origine de son aspect nous vient d’un mythe qui raconte que Parvati, l’épouse de Shiva, l’aurait créé à partir d’impuretés de sa propre peau afin qu’il lui serve de gardien pendant qu’elle prenait son bain. C’était un beau jeune homme qui accomplissait sa tâche avec zèle. Lorsqu’un jour, il empêcha Shiva d’entrer, ce dernier dans un accès de colère lui trancha la tête. Parvati fâchée à son tour demanda réparation et les dieux reçurent l’ordre d’aller vers le nord et de rapporter la tête du 1er être qu’ils trouveraient. Celui-ci se trouvait être un éléphant et c’est ainsi que Ganesh obtient son apparence spectaculaire. Même s’il naît d’une manière spéciale Ganesh est considéré comme le fils de Parvati et de Shiva, ils sont souvent représentés ensemble dans une sorte de « sainte famille ».

Cette statue représente Ganesh, un dieu hindou à tête d'éléphant
Ganesh provenant de Konarak (Orissa), XIIIe siècle, Londres, British Museum

Ganesh est un des dieux les plus vénérés de l’hindouisme. Toujours bienveillant, il est réputé pour enlever tous les obstacles. On le place en général à l’entrée des temples. Il est invoqué comme protecteur des voyages, des commencements de toute sorte, en général comme porte bonheur avant de prendre une quelconque initiative. Il est souvent représenté autour d’un rat, son animal-support ou « véhicule » (vahana) et d’une assiette de petits gâteaux ronds appelés laddu en hindi. On dit qu’il en raffole et on lui en amène traditionnellement en offrande. Son ventre rond et proéminent est symbole d’abondance et de richesse.

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Son image illustre souvent la 1ère page des livres indiens car il est le patron des écrivains. La tradition veut qu’il est mis par écrit le Mahabarata (grand poème épique) sous la dictée de son auteur le voyant Vyasa en se servant de ses défenses pour écrire.

Décor de temples

La circumambulation rituelle d’un temple hindou soit son sanctuaire intérieur reproduit métaphoriquement le parcours spirituel qui mène le fidèle à la libération des cycles de renaissances et donc à sa réunion avec l’âme universelle.

Ce bas-relief du temple de Vishnu à Déogarh représente Vishnu délivrant Gajendra, le roi des éléphants.
Bas-relief représentant le Gajendramoksha, temple de Vishnu, début du VIe siècle ap JC, Déogarh (Uttar Pradesh)

Dans cette scène Vishnu délivre le roi des éléphants Gajendra de l’étreinte d’un naga. Elle figure à la fin du chemin de circumambulation du temple de Vishnu à Déogarh et symbolise ainsi la libération de l’âme.

Selon la légende un roi qui avait été transformé en éléphant resta prisonnier d’une créature monstrueuse dans les eaux d’un étang. En invoquant Vishnu, il obtient le salut. Le monstre est figuré ici comme un dieu-serpent ou naga avec sa compagne, il a les mains jointes en signe de soumission face à la suprématie de Vishnu. Vishnu plane au-dessus de la scène sur son animal-véhicule, un oiseau anthropomorphe appelé Garuda. Cette histoire veut faire comprendre qu’il est nécessaire de maîtriser son esprit et que le salut suprême peut être obtenu grâce à la dévotion à Vishnu.

 

 

De part ces qualités et sa symbolique, l’éléphant est très souvent employé comme motif décoratif au sein des temples, par exemple au sein du site d’Ellora où des éléphants sculptés dans la roche à la base du temple du Kailasanatha soutiennent l’architecture:

A Hampi, un petit temple taillé dans un seul bloc de pierre  à l’avant du temple principal est tiré par deux éléphants. Ce templion adopte la forme d’un ratha c’est-à-dire d’un char rituel sur lequel la divinité est portée en procession lors de cérémonies spécifiques.

Ce petit temple en forme de char est tiré par deux éléphants sculptés sur le site de Vijayanagar
Templion en forme de char tiré par deux éléphants, complexe de Vitthala, 1ère moitié du XVIe siècle, Vijayanagar (Karnataka)

Bibliographie:

Ciro Lo Muzio et Marco Ferrandi, L’Inde, Paris, Hazan, 2009

Giuliano Boccali et Cinzia Pieruccini, L’hindouisme, Paris, Hazan, 2009

Anne-Marie Loth, L’art de l’Inde, diversité et spiritualité, éditions chapitre Douze, Bruxelles-Paris, 2006 en 2 tomes

 

Ateliers

Petit quizz : L’éléphant au Moyen-Âge, un animal bizarre

La plupart des artistes du Moyen-Âge n’avait jamais vu d’éléphant de leur vie, alors ils ignoraient à quoi il ressemblait. Souvent, ils empruntaient des caractéristiques à d’autres animaux, comme des oreilles de chien ou encore des sabots de cheval. Ils laissaient parler leur imagination…

Observe bien les images ci-dessous et trouve la bonne réponse aux questions :

 

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Question n°1 : Des éléphants apparaissent parfois, sculptés dans la pierre, sur les chapiteaux des églises, comme ici à l’église de Vorly. Regarde, les trompes sont attachées avec des cordes. Peux-tu deviner quelles parties de l’éléphant les cordes viennent remplacer ? (Je te donne un indice : elles sont en ivoire)

éléphant sculpté sur un chapiteau d'église les cordes remplacent les trompes

a) Les oreilles

b) Les défenses

c) Les pattes

 

 

 

Au Moyen-Âge, des scribes recopiaient, à la main, les livres ; c’est pour cela qu’on les appelle « manuscrits ». A l’intérieur de ces textes, on pouvait trouver des images, appelées « miniatures » qui étaient réalisées par des peintres. Ces peintres non plus ne savaient pas très bien représenter l’éléphant…

 

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Question n°2 : Selon toi, à quel animal cet éléphant ressemble-t-il le plus ?

éléphant faisant penser à une panthère

 

a) Une panthère

b) Un rhinocéros

c) Une chèvre

 

 

 

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éléphant représenté comme un sanglier dans une forêt

Question n°3 : Et cet éléphant, à quel animal vivant dans la forêt te fait-il penser ?

 

a) Une vache

b) Un sanglier

c) Un renard

 

 

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éléphant avec des pattes de chèvre

Question n°4 : Observe les pattes de cet éléphant. De quel autre animal familier l’artiste-a-t-il emprunté les pattes ?

 

a) Le lion

b) Le canard

c) La chèvre

 

éléphant avec la trompe sur le frontelephant_elephanteau_icone_enfantQuestions n°5 : Observe l’image ci-contre. Où se trouve la trompe de l’éléphant ?

a) Sur son ventre

b) Sur son dos

c) Sur son front

 

Maintenant, vérifie si tu as trouvé les bonnes réponses :

Question n°1 : Réponse b

Question n°2 : Réponse a

Question n°3 : Réponse b

Question n°4 : Réponse c

Question n°5 : Réponse c

Symbole de pouvoir dans l'Occident médiéval

L’éléphant de combat au Moyen-Âge

Selon Guillaume Le Clerc de Normandie, trouvère (poète) anglo-normand du XIIIe siècle, l’éléphant est « la plus grosse bête qui existe, celle qui pourrait porter les plus lourds fardeaux » (Bestiaire divin, vers 1220). Rien d’étonnant donc à ce que cet animal ait été utilisé, en Orient, pour la guerre. En effet, Guillaume Le Clerc rapporte que les Indiens et les Perses construisaient, sur le dos des pachydermes, de grosses tours, depuis lesquelles les soldats lançaient des flèches et d’autres projectiles. Elles étaient « faites de bois travaillées à la doloire, et bien munies de créneaux ». Isidore de Séville (560-636) confirme cela dans ses Étymologies.

Au Moyen-Âge, l’éléphant avec une tour sur son dos est un motif très fréquent et qui a le mérite, à l’inverse d’autres images, d’inscrire la bête dans un univers humain et non d’être une simple représentation animalière. La plupart des images montrent un seul et large éléphant portant un château crénelé peuplé de soldats armés. Parmi les représentations occidentales de ce type de sujet, il existe quelques sculptures romanes (XIe-XIIe siècle). On y voit parfois l’éléphant guidé par un conducteur appelé « cornac », portant un fléau et placé au sol ou sur le front de l’animal.

L’influence orientale se distingue parfois dans le harnachement des éléphants et dans l’architecture de la tour que porte l’animal.

Frise église d'Andlau éléphant représenté à l'orientale
Frise romane, Andlau (Bas-Rhin), église Saint-Pierre-et-Paul, XIIe siècle.
Manuscrit Bibliothèque Nationale de France les soldats de Pyrrhus montés sur des éléphants ont l'avantage sur l'armée d'Alexandre
Wauchier de Denain, Histoire ancienne jusqu’à César, Saint-Jean-d’Acre, 3e quart du XIIIe siècle, BnF, Ms. Fr. 20125, fol. 235.

Dans les manuscrits, les représentations sont plus abondantes encore dans les miniatures. Par exemple, une miniature d’un manuscrit de la Bibliothèque Nationale de France (Ms. Fr. 20125) montre, en Inde, les soldats de Pyrrhus, montés sur des « châteaux » arrimés aux éléphants, qui mettent en déroute l’armée d’Alexandre le Grand. Ce combat est décrit dans beaucoup de sources antiques.

Même si Marco Polo (1254-1324) raconte que de telles batailles d’éléphants ont eu lieu en Orient, ces pachydermes n’ont jamais été utilisés pour la guerre en Europe après l’Antiquité. Dans les bestiaires, ces combats doivent alors être considérés comme une évocation d’un passé lointain pour évoquer la puissance militaire contemporaine.

A noter que ce type d’évocation de l’éléphant peut parfois être tournée en dérision comme dans les marges des manuscrits prévues pour amuser le lecteur et que l’on appelle « drôleries ».

Drôlerie dans un manuscrit de la Bibliothèque Nationale montrant un chevalier affrontant un éléphant avec un château sur le dos
Heures à l’usage de Thérouanne, nord de la France, vers 1280, BnF, Ms. Lat. 14284, fol. 18 : un chevalier affronte un éléphant avec un château dans lequel se trouvent des combattants.

Bibliographie :

DUCHET-SUCHAUX, Gaston et PASTOUREAU, Michel, Le bestiaire médiéval, dictionnaire historique et bibliographique, Paris, Le Léopard d’or, 2002, pp. 64-67.

THIBOUT, Marc, L’éléphant dans la sculpture romane française, Paris, Société Française d’Archéologie, 1947.

TESNIERE, Marie-Hélène, Bestiaire médiéval : enluminures, Paris, BnF, 2005.

HASSIG, Debra, Medieval bestiaries, text, image, ideology, Cambridge University Press, 1995, chapitre 12 : « The ideal spouse : The Elephant », pp. 129-144.

 

 

 

 

 

 

Autour de l'expo !

Autour de l’expo !

 

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Question n°1 : A l’aide des photos, peux-tu deviner de quelle couleur était l’éléphant de Charlemagne ?

 

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elephant_elephanteau_icone_enfant Question n°2 : Quels autres animaux vois-tu dans la ménagerie de Frédéric II (sur l’image du centre) ?

Frise chronologique du dix huitième siècle

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Question n°3 : Sur les images ci-dessus combien comptes-tu d’éléphants ?

 

 

 

Vérifie tes bonnes réponses ci-dessous :

Question n° 1 : L’éléphant de Charlemagne était blanc ! L’albinisme chez les éléphants était extrêmement rare. L’animal était alors d’une valeur inestimable.

Question n°2 : L’éléphant est accompagné d’un lion, d’un zèbre, d’une girafe, d’un phacochère (ou sanglier) et un dromadaire !

Question n°3 : il y a 8 éléphants ! Un petit éléphanteau se cache entre les pattes de sa maman, et les vases portent chacun deux têtes !