Un symbole de pouvoir

L’éléphant comme emblème royal

Depuis l’Antiquité, des représentations d’éléphants ont toujours accompagné les figures du pouvoir dans les arts en dehors de l’Occident. Dès la civilisation de l’Indus, de 2600 à 1800 av. J.-C. nous pouvons observer l’animal sur le Sceau au Yogin (conservé au Musée de New Delhi) représentant un personnage avec des cornes, accompagné d’animaux censés souligner sa force.

Si l’éléphant est si apprécié des rois et autres dirigeants, c’est que cet animal est connu pour être fort, mais aussi extrêmement sage.

Le tournant dans ces représentations de l’éléphant a lieu en 327 av. J.-C. lorsque Alexandre le Grand arrive en Inde. Cette date marque l’entrée de l’animal dans l’art hellénistique. L’éléphant sera associé à la figure du roi, de l’empereur, des dieux romains et symbolisera la conquête des Indes.

Grâce aux échanges avec l’Orient, cette vision de l’éléphant perdure au Moyen-Âge. Correspondant à cette symbolique, et suite à la réception de l’éléphant Aboul Abbas envoyé par le calife de Bagdad Haroun al-Rachid pour célébrer le couronnement de l’empereur Charlemagne, le pachyderme redevient un symbole royal.

Même après la mort de Charlemagne et de son éléphant, cette idée perdure, et sera reprise par François Ier dans la galerie du château de Fontainebleau. De la même façon, dès le XVe siècle le Danemark crée un ordre de noblesse extrêmement important, choisissant comme symbole l’éléphant blanc. Celui-ci fut choisi pour remplacer la première insigne qui représentait une Vierge à l’Enfant. L’éléphant put prendre sa place grâce à sa vertu et à sa chasteté légendaire.

 

L’éléphant comme symbole de force guerrière

D’abord domestiqué pour un usage agricole dès 2000 av. J.-C. dans la vallée de l’Indus, c’est sous l’empire Perse que l’éléphant a ensuite été utilisé à des fins militaires. Par exemple, lors de la bataille de l’Hydaspe, en 326 av. J.-C., Alexandre le Grand combat le roi indien Pôros. Ce dernier est défait malgré la présence sur le champ de bataille de 200 éléphants de guerre. C’est à partir de ce moment que l’animal est reconnu en Occident comme une arme potentielle.

Cet usage de l’éléphant perdure en Orient à l’époque médiévale. En Occident, seules les représentations sculptées et issues des manuscrits font perdurer cette image. L’animal est alors représenté portant une tour sur son dos, et éventuellement, quelques soldats.

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, l’éléphant apparaît dans les peintures d’histoire : batailles, chasses… Il est assimilé au souverain par sa force évocatrice de puissance guerrière et d’autorité. Nicolas Poussin s’intéresse à la représentation de l’animal au travers de l’épisode antique d’Hannibal traversant les Alpes (218 av. J.-C.). Cette oeuvre montre bien que cette idée d’un éléphant guerrier perdure jusqu’aux « temps modernes ».